Recherche

Anciens Articles

jeudi 28 mai 2009 4 28 /05 /mai /2009 18:00
article precedent 19/21


Pour rentrer a Nouvelle-Orleans, au lieu de suivre betement l'interstate comme a l'aller, nous decidons de prendre des routes buissonnieres, en partant vers le sud-est sur l'US-90. Nous en sortons apres seulement quelques miles pour prendre une route encore plus petite, la route 96, qui nous emmene vers l'est a St Martinville, comme vous pouvez le constater sur la carte.


dans la verte campagne de la Louisiane



welcome to St Martinville, Birthplace of Acadiana


Nous faisons un detour a St Martinville car le guide de M'man en dit le plus grand bien. Meme mon ami wikipedia indique que "St Martinville est largement consideree comme le berceau de la culture et des traditions cajun". Oh.. j'aimerais tant voir un cajun ou un acadien. Encore plus qu'un dodo ! Seul souci : nous sommes devenus tellement faineants (americains ?) que nous ne sortons meme plus de la voiture pour prendre les photos :-) Admirons tout de meme St Martinville.


Saint Martin Of Tours



les noms de rues sont en francais



Le Petit Paris Cafè (ça du français ? soupir...)


D'apres un panneau explicatif devant l'eglise, St Martinville se serait "developpee entre 1795 et 1890 selon une organisation semi-feodale peu habituelle, dans laquelle les 'titulaires' de proprietes dans la ville payaient un loyer 'annuel et perpetuel' a la congregation de l'eglise catholique de St Martin de Tours".
Il est a noter (d'apres les informations de wikipedia) que meme si le nom du village fait bien franchouillard, la localite n'a pris ce nom qu'en 1868, bien apres la vente de la Louisiane aux ricains, et bien apres l'arrivee de colons francais au dix-huitieme siecle pour fonder ce qui s'appelait alors Attakapas Post, du nom d'une tribu indienne. Si vous voulez apprendre l'Attakapas, il y a un dictionnaire en ligne.
Pour ne pas etre venus completement pour rien, nous decidons d'aller jeter un coup d'oeil au Longfellow Evangeline State Park, annoncé a grand renfort de panneaux depuis des miles.


la belle avenue ombragee menant au parc Evangeline


A cote du parking a l'entree du parc se trouve un Visitor Center. C2 est epuisee et nous attend dans la voiture pendant que M'man et moi allons explorer le batiment. Il abrite en fait une sorte d'exposition tres interessante sur la vie des anciens colons de St Martinville, en s'interessant en particulier aux... Acadiens, ces fameux Acadiens, expulsés par les britons des provinces canadiennes du New Brunswick et Nova Scotia dans les annees 1755 a 1763, dans ce qui s'appelle "Le Grand Derangement" et qui ressemble a s'y meprendre a un "nettoyage ethnique". Ne nous attardons pas sur cet episode peu glorieux de l'histoire britannique, et semble-t-il bien compliqué. Toujours est-il que des colons francophones finissent par venir s'installer en Louisiane, dans une region qui devient le pays des 'cadiens', ou 'cajun' par deformation du mot.
Qui est donc cette fameuse Evangeline ? Apres avoir lu avec attention les panneaux explicatifs, nous comprenons qu'elle n'a jamais existe, mais qu'elle est l'heroine du poeme "Evangeline, un conte d'Acadie", racontant la vie d'une jeune fille separée de son fiance pendant le Grand Derangement, et qui passera sa vie a le chercher dans tous les Etats-Unis, poeme ecrit par l'americain Henry Longfellow. Si Longfellow ne vous dit rien, honte sur vous car je l'avais mentionné dans un article le 24 juin 2007, car il y a une maison-musee a son nom a Cambridge pres de Harvard Square.
L'attraction phare du Evangeline State Park est le "Evangeline Oak", le chene d'Evangeline, qui serait precisement celui decrit par Longfellow dans son poeme. Bon, on lit ailleurs sur Internet que le chene qu'on voit aujourd'hui est le remplacant du remplacant de celui observé par Longfellow, mais le coeur y est.
Je ne peux evidemment pas passer sous silence le fait que dans le Welcome Center du Evangeline Park, nous entendons enfin pour la premiere et pour la derniere fois de ce voyage quelqu'un nous parler en francais. La nana du Welcome Center, en nous entendant arriver en parlant francais, nous parle dans notre langue pendant tout le temps ou nous discutons avec elle. Est-elle cajun ? Acadienne ? Cadienne ? Je ne sais pas. Ce n'est pas mon habitude de demander ce genre de choses. Disons que comme les americains sont de grands demenageurs, il est impossible de savoir si elle n'est pas simplement native du Wyoming ou du Michigan, habitant maintenant a St Martinville, et elle aurait tout simplement appris le francais a l'ecole (et retenu avec les annees !!) comme d'autres apprennent l'espagnol. Ou si elle est vraiment de culture cajun. En tout cas son francais est plutot bon, meme si des fois la prononciation des mots est difficile a suivre.
Interessant... mais l'heure tourne. Et avec le temps, va, tout s'en va, y compris nous. Nous remontons dans la voiture, contents de notre contact avec une francophone, et remettons le cap vers Nouvelle-Orleans. Nous commencons par suivre une petite route qui mene vers le sud pour rattraper l'US-90, ce qui nous fait traverser New Iberia... Jeanerette...


oh ! Un puit de petrole ? Une raffinerie ?


Je suis bien content de finir par rattraper l'US-90 car il nous reste pas mal de route, et on avance quand meme pas tres vite sur ces routes ou il faut ralentir et s'arreter a chaque village traversé. Vroum vroum donc une fois sur l'US-90 en route vers l'est.


Boeuf, ha ha ha !



Chacahoula, ho ho ho !



Apres avoir passé Des Allemands et Paradis, nous arrivons enfin a l'embranchement avec l'I-310. De l'interstate ! Je revis. Une dizaine de miles plus loin nous sommes a nouveau sur l'I-10, en direction de l'est et de Nouvelle-Orleans : la boucle est bouclée pour la journee. Nous ne verrons rien de plus de la Louisiane.


en arrivant dans la banlieue de Nouvelle-Orleans : un superbe batiment a l'abandon



le Vieux Carré, ze frenche kouarteur : nous sommes arrives


Nous retournons nous garer dans le meme valet parking ou mes tentatives de negociation ont ete vaines le matin meme, puis allons nous detendre a l'hotel avant de repartir manger notre dernier diner a New Orleans. Au menu de ce soir, du poisson !
Apres le restau, M'man et C2 rentrent directement dormir a l'hotel, j'ai donc les coudees franches pour aller faire le fou toute la nuit dans Bourbon St... A moi la decadence de la rue la plus vivante du Vieux Carre de Nouvelle-Orleans ! Je decide de la parcourir de bout en bout, je commence donc par aller au carrefour entre Bourbon St et Canal St. J'achete une biere - une horrible pisse a $2 le verre de 16 oz - pour parfaire mon integration dans ce monde nocturne et je commence ma deambulation.
Bon, j'ai passe beaucoup de temps a reflechir a ce que j'allais dire sur Bourbon St et ce que j'en ai pensée, mais comme ca n'est pas tres joyeux et qu'il faut que j'arrete d'etre negatif, je vais tacher d'etre bref. Retenons juste que si vous aimez non pas la musique mais les concours de sonos et de mega-watts, que vous aimez regarder dans les yeux des filles aux corps superbes et aux maillots de bain minimalistes, qui vous incitent a aller les admirer danser pour quelques dollars, deambuler au milieu d'une foule agitee, imbibee d'alcool, plus 'saoule' que 'fetarde', ou les groupes de jeunes americaines, portant des robes aux decolletes vertigineux dont degoulinent des kilos de seins, cotoient les groupes d'americains, jeunes ou moins jeunes, aux tee-shirts moulants et aux biscotos gonflés aux poudres proteinées miracle, si enfin vous aimez boire de la biere frelatée en ecoutant (= en detruisant vos tympans) des groupes de rock jouant, rejouant, surjouant, des tubes entendus deja mille fois, et dont certains musiciens vous semblent tellement uses que vous voyez qu'ils prefereraient etre au soleil de Hawaii plutot que 'faire la fete a Bourbon St', alors oui, Bourbon Street est pour vous.
Il est une chose que je n'ai pas pu etudier, c'est le jazz a New Orleans. Par nature le 'vrai' jazz ne se joue pas en mettant tous les potards a fond, du coup si il y a des bars de jazz dans Bourbon St, je ne les ai ni entendus ni remarqués. J'ai poussé ma route jusqu'au Lafitte's Blacksmith Shop, au carrefour entre Bourbon St et St Philip St, un bar réputé pour ne s'eclairer qu'a la bougie, puis j'ai fait demi-tour, pour rentrer me coucher a l'hotel, vaguement dépité. Je crois que je me fais vieux. Mais oui, avec le temps, va, tout fout le camp.

Bilan de cette bonne journee de conduite cependant : 309 miles parcourus (497 km).
Demain c'est le retour a Boston, snif... Bonne nuit !


article suivant 21/21

Partager cet article

Repost0
Publié par ZPP - dans trip Floride Louisiane