Il est a peine sept heures et quart du matin en ce vendredi matin au beau ciel bleu, Rapid City dort encore a moitie, et nous sommes deja dans la voiture. Nous commencons par de l'interstate (voir la carte ici) en empruntant l'I-90 vers l'est. Pour les connaisseurs l'I-90 est bien l'interstate est-ouest qui va jusqu'a Boston, donc nous pourrions rouler 1891 miles sans changer une seule fois de route pour arriver dans la capitale du Massachusetts. Nous allons nous contenter aujourd'hui d'une cinquantaine de miles jusqu'a la sortie 110 qui permet d'atteindre la petite ville de Wall ainsi qu'un des acces au Badlands National Park.
nous quittons Rapid City
c'est tout droit !
la campagne verdoyante et ondulante a l'est de Rapid City
Nous sortons a Wasta a la recherche d'une station-service et n'en voyons pas l'ombre d'une. What a wasta' time ! (gros jeu de mot : wasta' time -> waste of time = perte de temps) Heureusement il y a quelques beaux specimens architecturaux.
welcome to Packard Cafe a Wasta, SD, 80 habitants
Derriere une vitre du Packard Cafe se trouve un ecriteau "vote for Rick Hansen State House". Google, qui sait tout, me redirige vers cette page du site ballotpedia, qui m'indique que Rick Hansen s'est effectivement presenté, en tant que democrate, aux elections de la State House of Representatives (députés) du South Dakota en 2006. Bon, il a perdu les elections avec son acolyte et ce sont deux republicains qui sont alles a l'assemblee a Pierre (capitale du South Dakota) pour ce district. Le South Dakota a l'air d'etre un etat mechamment rouge (republicain) en general. Dans l'assemblee 2013-2014 il y a 53 republicains et 17 democrates. Pauvre Rick, il avait peu de chance, meme avec une pub au Packard Cafe !
Nous retournons sur l'interstate pour douze miles jusqu'a la sortie 110, une des sorties de la petite bourgade de Wall, 766 habitants. C'est marrant, l'article wikipedia sur Wall indique que le village est connu pour son Wall Drug Store, une 'large roadside tourist attraction'. Effectivement, depuis des dizaines de miles de grands panneaux au bord de l'interstate incitent le conducteur credule a faire une halte au Wall Drug Store. Vous me connaissez, je suis immunisé contre ce genre de piege, et nous evitons de tomber dans les panneaux et de foncer dans le Mur (hi hi hi, quels bons jeux de mots ! Je suis en forme). Au lieu de ca nous prenons la SD-240 vers le sud pour atteindre une entree du Badlands NP.
a nous les Badlands !
entering Badlands National Park
Nous payons $15 au ranger a l'entree du parc en echange d'un 'pass' valable sept jours et d'un petit guide papier. Pour notre visite du parc nous allons suivre la route 240 qui permet d'admirer le Badlands Wall et la prairie au gré de nombreux 'outlooks' (points de vue). Il y en a onze pour etre precis sur notre itineraire, et nous nous arretons a presque tous !
dans les Badlands
la prairie
le Badlands Wall
Les Badlands tirent leur nom de leur accueil inhospitalier et de la difficulte a les traverser ou s'y installer pour les indiens et les premiers colons blancs. Les trappeurs francais (ils sont partout ceux la !) les appelaient "mauvaises terres a traverser". Le Badlands Wall est une formidable barriere naturelle formee par l'erosion. Pas facile a franchir quand on se deplace a dos de cheval ou en chariot, mais pour l'explorateur moderne et intrepide qui se contente de suivre le ruban de macadam, pas de probleme ! Il y a juste a profiter des paysages fantastiques et observer les animaux sauvages.
La region des Badlands se trouvait au fond d'un ocean il y a des millions d'annees, ce qui explique la presence de nombreux fossiles marins abondamment discutés sur des panneaux au bord de la route. Au gre des mouvements des plaques tectoniques l'ocean s'est retiré, laissant la place a une foret subtropicale qui est devenue une savane puis une prairie avec l'evolution du climat pendant des dizaines de millions d'annees. D'ou de nombreux autres fossiles de creatures terrestres des temps anciens.
Malgre son nom peu engageant, l'histoire recente de la prairie est assez typique des Etats-Unis : pendant des milliers d'annees des tribus de chasseurs, puis des tribus nomades, puis des tribus d'indiens (les Lakota) ont occupe la region en chassant le bison, jusqu'a ce que les colons blancs arrivent, a commencer par ces trappeurs francais. Apres quelques dizaines d'annees de conflits variés il n'est plus resté ni indiens (placés dans des reserves) ni bisons. De nos jours les bisons sont de retour (je suppose qu'ils ont ete reintroduits par l'homme), et une partie du parc est co-gérée avec la tribu Oglala Lakota.
Pas de bisons pour nous aujourd'hui, mais voici tout de meme quelques bebetes.
des bighorn sheeps (probablement des femelles a en juger par les cornes)
tiens tiens... un trou de taupe ?
non, beaucoup plus marrant !
un prairie dog !
En francais prairie dog se dit simplement chien de prairie, et cette espece n'a rien a voir avec le chien (sauf parait-il son cri qui rappelle un aboiement). Nous ne les avions pas tout de suite remarqués, mais une fois le premier prairie dog repéré nous nous apercevons qu'il y en a partout, des dizaines et des dizaines, a perte de vue, en train de se promener tranquillement, de chercher (de la nourriture ?), de se tenir sur leurs pattes arriere pour - je suppose - faire le guet, etc. Malgre leur posture rigolote nous restons bien loin de ces petits rongeurs en raison d'un panneau effrayant planté au bord de la route : "Avertissement, la peste Sylvatic a ete reperee dans le Badlands National Park". Je n'ai pas trouvé la traduction de "Sylvatic Plague", a part peste pour plague. D'apres wikipedia cette charmante peste cause la peste bubonique ou la peste pneumonique en passant chez l'homme. Pouark !
Nous finissons notre visite des Badlands par un passage au Ben Reifel Visitor Center ou se trouvent un petit musee, un gift shop (!), et un "Fossil Preparation Lab" ou "Paleontology Lab" ouvert au public. Nous profitons des charmantes tables de pique-nique a l'exterieur pour dejeuner, bercés par le doux chant des engins de chantier qui sont en train de refaire le parking devant le Visitor Center.
ceci n'est pas un arret de bus
Pendant que je mange mon bon sandwich Subway je me fais piquer par un moustique que j'eclate sur mon mollet, et je me mets immediatement a craindre d'avoir ete contaminé par la peste sylvatic, ou la peste bubonique, ou la peste pneumonique. Quelle terreur ! Je me sens soudain faible, fievreux, fatigué, pestiféré, a l'aiiiiide ! C2 me dit que c'est tout dans ma tete. Allez, je crois que ca ira mieux des que je m'installerai derriere le volant, clim' a fond. Voila...
Nous quittons le parc par la Northeast Entrance, bien contents de notre visite (eclair ?) de deux heures et demi. J'ai remarqué que plus la matinee avancait, plus la densite de touristes augmentait autour de nous, d'ou l'interet de commencer nos journees tot. Cela peut aussi etre du au fait que nous nous sommes progressivement rapprochés de la zone du parc qui voit le plus d'activité : le Visitor Center. Au-revoir les Badlands !