Une visite epatante est au programme aujourd'hui : Steamtown National Historic Site. Ca sent bon la locomotive a vapeur et le vieux wagon ! Je fais malheureusement une erreur monumentale : je prends (perds) le temps de dejeuner avant d'aller au national historic site en debut d'apres-midi, ce qui ne me laisse que quatre heures sur place pour tout explorer - ce qui s'avere insuffisant. Argh.
Le site trouve son origine dans un ancien depot de locomotives, datant de la deuxieme moitié du 19eme siecle, de la compagnie Delaware, Lackawanna and Western Railroad. Le materiel roulant de son côté constituait au depart la collection d'un certain F. Nelson Blount, passionné du monde ferroviaire, et qui apres avoir fait fortune dans les produits de la mer la mit a profit pour acquerir des locomotives a vapeur et autres wagons pour passagers et fret dans les années 50 et 60. Sa mort soudaine en 1967 laissa sa collection dans le flou et apres bien des peripeties, un demenagement depuis le Vermont, et un echec financier en tant qu'entité privée, Steamtown National Historic Site ouvrit en octobre 1986 sous le controle de l'agence federale National Park Service.
Le site est tres grand, et bien que certains des batiments soient fermés en ce moment pour renovation je cavale sans pause pendant quatre heures jusqu'a la fermeture. Conclusion : il est plus intelligent de prevoir la journée pour bien en profiter - en plus c'est gratuit.
Un panneau a l'accueil fait une tres bonne observation : "travailler [pour une compagnie ferroviaire] etait rarement romantique ou prestigieux. Le plus souvent c'etait un travail dur - sale, bruyant, graisseux, et parfois dangereux". Pourtant de nos jours tout le monde reve d'aller faire un tour en train a vapeur ou fourrer son nez dans les entrailles d'une locomotive a vapeur. Non ?
Vais-je religieusement prendre en photo chaque locomotive et vous en faire profiter dans cet article ? Voyons voir...
Cette locomotive a son propre article sur wikipedia ! Incroyable.
Bon ok je ne vais pas remplir cet article avec 150 photos de locomotives. Qu'y a-t-il d'autre a voir ici ? Je vais m'instruire au History Museum. La lecture de tous les panneaux informatifs me rappelle de nombreuses choses que j'ai deja eu l'occasion d'apprendre lors de visites precedentes sur ce theme, comme au musée ferroviaire de Durango dans le Colorado.
- les fuseaux horaires aux US furent créés en 1883 par et pour les compagnies de chemin de fer.
- le ton est etonnement critique a propos du "Gilded Age", une periode entre la fin de la guerre de Secession (1865) et le debut du vingtieme siecle. Je cite : "une periode d'enorme croissance industrielle, et d'extreme richesse autant que d'extreme pauvreté". J'ai parfois le sentiment que c'est a nouveau la direction des Etats-Unis en ce moment. "Transactions louches, corruption, vols et detournements, regnaient a cette epoque". 140 ans plus tard, que penser du scandale Enron, ou du role de Purdue Pharma dans l'epidemie d'opioides aux Etats-Unis ? "Les compagnies ferroviaires etaient de puissants facteurs de l'economie, et leurs proprietaires abusaient frequemment et de maniere flagrante de leur fortune et de leur pouvoir pour s'enrichir et enrichir leurs actionnaires". Surprise !
- des grandes greves en 1877 finirent dans le sang et les grevistes n'obtinrent pas gain de cause. Ah ca c'est quand meme different de nos jours.
Quoi d'autre ? "Pour chaque tonne de charbon ou de fer extraite, pour chaque kilometre de voie posée, des milliers de travailleurs vivaient et mouraient dans des conditions deplorables, tandis que les proprietaires fortunés amassaient toujours plus de richesses". La segregation raciale etait solidement en place, que ce soit pour les clients ou les employés. D'apres le musée, au debut du vingtieme siecle plus d'un million d'enfants (filles et garçons) travaillaient, souvent dans des conditions intolerables, sans education et sans espoir d'un meilleur avenir. "La "fievre ferroviaire" etait l'obsession des promoteurs, speculateurs, et reveurs, qui jouaient sur le marché en esperant un jour faire fortune". Ca me rappelle nos "bulles" modernes : la folie internet en 2000, les cryptomonnaies, la folie AI en ce moment, etc.
Me voila parti dans une spirale sinistre. Je vais me changer les esprits.
Chaque controleur avait un poinçon au design unique, dont la matrice etait numérotée et listée avec son nom dans un registre de sa compagnie ferroviaire.
Je commence a inspecter les petites cases, chacune assignée a un etat ou une ville, mais je ne trouve ni Massachusetts ni Boston. Et je ne peux pas rester trop longtemps ici. Trop de choses a voir !
Wagon suivant : Erie Business Car #3 (datant de 1929), qui servait aux deplacements des grands pontes de la Erie Railroad. A son bord deux "staterooms" et deux "bedrooms", ce qui me fait decouvrir la distinction entre les deux mots en anglais : une "stateroom" (terme egalement utilisé pour les bateaux de croisieres) est une chambre plus luxueuse qu'une "bedroom".
Je furete aussi dans un fourgon de queue, dont le mot en anglais me fera toujours rire : caboose !
Cette locomotive construite en 1903, Illinois Central #790, est en acces libre. Cela permet d'en admirer la multitude de commandes dans sa cabine et de jouer avec son (faux ?) sifflet. Une fois, ca va, deux fois, ca va, mais si un enfant decide de tirer la ficelle cinquante fois de suite sans objection de ses parents, vos oreilles vont en etre importunées. TUUUUT TUUUUT !!
L'heure tourne, je trotte jusqu'a la piece maitresse de Steamtown : une authentique locomotive "Big Boy", un des 8 exemplaires survivants sur 25 de cette serie de locomotives a vapeur 4-8-8-4, les plus grosses jamais construites (me souffle wikipedia), datant de la fin de l'ere de la vapeur au debut des années 1940. 40 metres de long et 540 tonnes en incluant son tender. Une ranger du park est la pour nous permettre d'acceder a la cabine (a deux metres de hauteur ?!) et nous fournir quelques explications. J'ai compté plus de soixante manettes et robinets.
De l'autre cote du parking de Steamtown National Historic Site se trouve le Electric City Trolley Museum, qu'on pourrait croire faire partie de Steamtown. Mais ce n'est pas le cas, et alors que l'acces au historic site est gratuit, ce petit musée est payant ($7). J'economise mes dollars car le musée ferme a 16 heures et il est deja trop tard.
J'espere que vous vous souvenez toutes et tous de la confusion (dont je parlais dans cet article) autour du mot trolley entre langues francaise et americaine : les ricains disent trolley la ou nous disons tramway, et nous disons trolley la ou les ricains disent trolleybus ou bien... trolley. Euh 🤪.
Je vais finir ma visite a la "Oil House", un batiment ou etaient stockées les differentes huiles necessaires au fonctionnement et a l'entretien des locomotives. De nos jours c'est la boutique a souvenirs, ou j'achete un joli livre sur Steamtown rempli de photos.
Des haut-parleurs annoncent que Steamtown va bientot fermer. Il est presque 17 heures, je dois deguerpir. Snif. Vite, encore quelques petites photos.
Ce coup-la c'est la fin ! J'aurais du venir quelques heures plus tot. Tout de meme content de ma journee, je rentre a mon hotel delicatement construit a coté d'un echangeur entre deux autoroutes.