Notre hotel est situé juste a cote d'un carrefour tres passant du village d'Ollantaytambo, dont le trafic est régulé non pas par un feu tricolore mais par un agent (de police ?), qui s'epoumone en continu dans un sifflet. Cela produit une ambiance sonore tout a fait charmante dans l'hotel. Par chance ce cirque s'arrete en soiree, mais le relais est pris par un chien qui aboie toute la nuit. Bon. Nous sommes malgre tout bien reposés pour attaquer la journee, sous un soleil magnifique.
Nous prenons de l'altitude en remontant une petite vallée au nord d'Ollantaytambo.
Nous n'avons qu'une quinzaine de minutes de marche pour arriver aux ruines de Pumamarca. En chemin nous croisons quelques vaches, ainsi qu'une jeune femme en train de se debarbouiller dans un petit ruisseau. Elle fait du camping sauvage avec son compagnon, et lorsque nous repartirons de Pumamarca nous les verrons se faire reprimander par un garde forestier : pas le droit de bivouaquer ici.
Nous arrivons au site de Pumamarca. Il n'y a pour l'instant personne. Le site est libre d'acces, gratuit et sans surveillance. Notre guide nous donne quelques informations sur ces ruines. Bien qu'elles ressemblent a un petit village, il n'y avait pas d'habitants permanents. Pumamarca, situé strategiquement au croisement de plusieurs chemins incas, etait un point de controle et de stockage de marchandises, et une halte de repos pour les vaillants marcheurs qui convoyaient ces marchandises. Jusqu'a une cinquantaine de personnes se relayaient (toutes les quelques semaines ou quelques mois ?) pour garder les lieux, ou se trouvaient quelques habitations et greniers. Un mur encercle le site mais notre guide nous dit que ce n'etait pas une fortification a vocation militaire. Plus pour eviter le chapardage opportuniste je suppose. Ou bien pour empecher les lamas de s'enfuir dans la montagne ?
Vous connaissez ma passion pour les ruines. Je suis servi ! Je me baigne dans les ruines, je cours partout en prenant des dizaines de photos.
Le premier etage de cette batisse, sans ouverture a part la porte, servait d'habitation. L'etage superieur etait un espace de stockage et les "fenetres" servaient a la ventilation pour eviter (retarder ?) de gater les denrees perissables. Depuis leur construction par les Incas, ces batiments ont ete occupes plus recemment par des autochtones, et je me retrouve quelque peu embrouillé par les explications sur qui a laissé quelles traces. Les murs furent platrés, enduits a l'epoque inca ? Platre ou enduit ensuite noirci par la fumee pendant l'occupation recente de ces constructions ? Qu'est-il advenu du plancher entre etage d'habitation et niveau de stockage ? Un ulterieur voyage sur place pour eclaircir ces points semble s'imposer.
Les Incas etaient economes dans leur utilisation de l'espace utile de leurs edifices : les escaliers se trouvaient a l'exterieur. Je trouve ce detail fascinant. Mettons-nous a leur place. Considerant le coût (en temps) de la main d'oeuvre, que vaut-il mieux ? Entreposer et proteger des degats de la meteo quelques metres cubes supplementaires de marchandises produites apres des mois de labeur, ou preserver de la pluie et du vent un humain qui s'en remettra tout aussi vite ? Meditons, meditons... Et remercions le progres qui a fait valoir notre confort plus que quelques boisseaux de grains.
Aussi petit qu'il soit, le site de Pumamarca presente ce que je n'hesite pas a appeler des rues. Je reclame a notre guide une permission de quinze minutes et je disparais dans le reseau de vieilles pierres.
En aval du site se trouvent les ruines de granges incas que je n'ai pas le temps d'aller explorer. Quelques autres curiosités eveillent mon interet.
Nous n'en sommes qu'au tiers de cette serie d'articles relatant notre voyage au Perou, mais vous devez deja etre familier(e)s avec la caracteristique majeure des sites touristiques au pays des Incas. Je vous laisse reflechir quelques instants.
Alors ?
Trouvé ?
Mais oui : ou sont les lamas ? Les lamas sont la ! J'en trouve deux dans l'enceinte de Pumamarca en train de... je ne sais pas. Mediter. Profiter du soleil. Profiter de la vie. Je ne sais pas trop ce qui peut se passer dans la tete d'un lama lorsqu'il est immobile, tranquillement couché sur un maigre tapis d'herbe jaunie, les yeux a moitié fermés, le sourire mysterieux de la Joconde au museau. Une certitude : si je me réincarne un jour en animal, je veux etre un lama.
L'heure tourne, je vais retrouver C2 et notre guide qui attendent en bas du hameau. Un autre groupe de marcheurs est arrivé. C2 prend un dernier panorama des lieux et nous entamons notre marche pour redescendre vers Ollantaytambo.