De retour dans Cusco notre guide veut nous emmener visiter la cathedrale mais il y a une ceremonie en cours. Nous reviendrons plus tard. Direction Qorikancha, un temple inca sur lequel les Espagnols construisirent une eglise et un couvent entre le seizieme et dix-septieme siecle.
Le Convento de Santo Domingo del Cusco est en partie ouvert aux visiteurs, moyennant la modique somme de 15 soles (~$4.5). Comme de nombreux (tous ?) edifices religieux construits par les Espagnols au Perou, le couvent se trouve directement sur un ancien temple inca, en utilisant ses murs comme fondation. Les Espagnols cherchaient a asseoir leur domination sur le peuple inca en imposant leur religion et en faisant disparaitre les sites sacrés incas.
Pour leurs propres besoins de construction les Espagnols detruisaient les murs incas pour en reutiliser les pierres, et lorsqu'ils n'arrivaient pas a les demanteler ils les integraient dans leurs batiments en les masquant.
Les petites niches en hauteur abritaient des statues (en or !). D'autres niches plus grandes recevaient des momies. Notre guide nous indique que ces niches permettent aux murs de mieux resister aux tremblements de terre mais je ne comprends pas tres bien comment.
Ce qui est sur c'est que le couvent et l'eglise de Saint Dominique souffrirent considerablement des tremblements de terre au cours de leur histoire, et c'est meme un seisme puissant en 1950 qui fit réapparaitre de nombreux vestiges incas derriere les murs et platres espagnols. C'est alors qu'il fut décidé de ne pas reconstruire a nouveau par-dessus, mais de faire des recherches et mettre en valeur ces signes du passé. Les fondations incas, elles, traversent les siecles sans etre affectees par les secousses telluriques.
Nous decouvrons egalement ici une ingenieuse technique qui rendait les murs incas encore plus solides (et difficiles a detruire). Certes les Incas n'utilisaient pas de mortier pour leurs plus beaux murs, mais cela ne les empechait pas de rendre leurs blocs de pierre solidaires les uns des autres. Comment ? Une fois une rangee de blocs en place, chaque bloc etant par construction jointif de ses voisins, deux rigoles etaient creusees dans deux blocs consecutifs, en regard l'une de l'autre, en forme de U par exemple.
Ensuite un metal (notre guide parle de cuivre) etait coulé dans les rigoles, qui une fois refroidi et solidifié formait une belle "agrafe" entre les deux blocs. Tres interessant ! Cette technique est confirmée en inspectant au detecteur de metal des murs encore debout.
Il est supposé que le faîte du mur d'enceinte de ce temple du soleil inca (par dessus lequel fut donc construit le couvent) etait recouvert d'or, et c'est ainsi qu'une maquette represente le site tel qu'il devait etre. L'or a bien evidemment disparu depuis longtemps, sans doute parti dans les galions du roi d'Espagne.
A l'exterieur du couvent nous admirons le Jardín Sagrado (jardin sacré), et au-dela l'Avenida el Sol (avenue du soleil), un boulevard deux fois deux voies qui bouchonne et klaxonne a tout va, bordé de dizaines de petits commerces - dont semble-t-il une proportion deraisonnable de bureaux de change (casas de cambio) et d'agences de tourisme. Il faut dire qu'il est sur le trajet entre l'aeroport et le centre-ville, passage obligé pour nous autres touristes !
En voici un panorama.
Sur la photo ci-dessus on peut voir le mur inca, tout noir, sur lequel sont construits l'eglise et le couvent.
Nous prenons conge de notre guide pour le reste de la journee et continuons seuls notre exploration de Cusco. Apres nous etre tapé la cloche au Museo del Pisco, C2 veut aller inspecter le quartier des artisans.
J'ai normalement peur des chiens mais tous ceux que je vois a Cusco ne se preoccupent guere des humains et vaquent a leurs occupations sans aboiements agressifs. D'apres notre guide ils ne sont pas vraiment errants car ils ont des maitres, mais ceux-ci ne prennent pas beaucoup soin d'eux et les chiens se debrouillent tous seuls pour survivre.
Comme nous avons nos tickets (25 soles, ~$7.5 par personne) pour acceder a la cathedrale, ré-ouverte aux touristes dans l'apres-midi, nous allons y faire un tour. Nous ne nous attardons pas, nous voulons seulement constater de nos yeux une curiosite mentionnée ce matin par notre guide : sur l'immense tableau de la Cène a l'interieur de la cathedrale, le dernier repas de Jesus et de ses apotres est un... "cuy", le fameux cochon d'Inde roti.
Nous allons egalement visiter le Museo Inka (10 soles, ~$3 par personne), au pas de course car il ferme a seize heures. Je n'y ai pris qu'une seule photo, assez stupide comme vous pouvez vous en douter. Je suis toujours niaisement ravi de tomber sur des images qui sont a l'oppose de la pudeur hysterique et maniaque des ricains. Jugez-en par vous-memes.
A l'interieur du musee nous pouvons voir nos premieres momies de ce voyage. Fascinant. C2 n'est pas tres fan et evite de s'y attarder. De mon cote apres une courte introspection je renonce a les prendre en photo. Dans le musee sont egalement exposes des cranes pour presenter deux coutumes incas (et pre-incas) :
- la trepanation. On ne sait pas necessairement pourquoi ces trepanations etaient pratiquées, mais les traces de cicatrisation sur les cranes concernés prouvent que les patients survivaient
- la deformation volontaire du crane, au sujet duquel wikipedia a evidemment un article. Une des explications avancees est de marquer ainsi l'appartenance de la personne au crane déformé a une classe particuliere (noblesse par exemple) dans la societe. Pratique sans consequence sur les capacites intellectuelles d'apres les informations du musee
Le musee ferme ses portes, le soleil est deja bien bas et s'en va disparaitre derriere les montagnes. Nous nous baladons encore un peu autour de la Plaza de Armas, tres populaire.
Il y a de beaux batiments autour de la place mais des que l'on s'en eloigne, apres seulement quelques minutes a pied, les facades se delabrent.
Ce soir nous essayons un autre restau chic et cher, Cicciolina. Dans nos assiettes l'alpaga et le cochon d'Inde !
Apres notre deuxieme journee a Cusco nous n'avons pas a nous plaindre des effets de l'altitude. Sauf mes yeux, qui malgre les lunettes de soleil ont beaucoup souffert aujourd'hui. Soleil, air sec, chargé de particules ou poussiere ? Je ne sais pas. Je trouve ca completement moche mais si j'en avais eues j'aurais porté des lunettes de glacier avec joie.
A demain pour la suite de nos visites !