Le quatrieme jeudi de novembre aux Etats-Unis est le jeudi de Thanksgiving, jour de congé sacré pendant lequel le pays s'arrete presque de fonctionner. Tous les magasins sont fermés et les ricains se remplissent la panse de dinde en regardant du football (americain) a la tele. L'idee de regarder du football me plait beaucoup mais pour notre menu nous avons prefere la raclette, aux capacites de gavage tout a fait equivalentes a celles de la dinde.
Pendant ces deux jours feries (jeudi + vendredi) octroyes par nos bienfaisants employeurs, C2 et moi nous sommes actives pour preparer nos bagages. Nous partons en effet en vacances, les premieres vacances de l'annee pour C2 ! Il etait temps...
Nous partons nous detendre au soleil de Cancun, au Mexique Etats-Unis France Mexique. Ok, techniquement Cancun est une ville qui se trouve au Mexique, mais nous allons nous retrancher au Club Med, on ne peut plus franchouillard, dans la zone hoteliere de Cancun infestee d'americains. Pendant le "spring break" (periode de vacances universitaires aux alentours de mars) les etudiants americains y deferlent pour se debaucher - ici ainsi que dans d'autres stations balneaires du Mexique.
Ca devrait etre calme pour nous toutefois puisque nous partons en dehors d'une periode de vacances, et c'est a peine la fin de la saison des ouragans ce qui dissuade les fanatiques du farniente sur la plage. En ce samedi matin la meteo a Boston est pourrie ce qui est parfait pour apprecier encore plus le depart. A l'aeroport C2 me fait decouvrir le principe du "moyen-dejeuner". Nous sortons du petit-dejeuner, nous venons d'acheter des sandwichs pour dejeuner dans l'avion, mais elle va tout de meme s'attabler chez Legal Sea Foods pour se commander une assiette d'huitres et une cup de clam chowda'.
Notre vol avec Jetblue se passe bien, j'adoooooore le wifi gratos a bord ! Il n'est disponible que tant que nous volons au-dessus des US mais cela represente une grosse partie du vol Boston-Cancun.
A Cancun il fait beau et chaud. Une activite intense regne dans l'aeroport. Il y a un monde fou, des touristes comme nous venus apprecier le climat et l'ocean. Nous faisons la queue pour descendre l'escalier qui mene a la queue qui permet d'acceder a la queue pour le controle des passeports. Pour les americains et residents americains pas besoin de visa. Parfait. L'avantage de faire autant la queue est que nos bagages sont deja sur le carrousel lorsque nous en avons fini avec les services d'immigration. Parfait. Nous faisons la queue qui mene a la queue pour passer la douane, tous les bagages et sacs repassent dans une machine a rayon-machin-chose et nous sommes enfin livrés a nous-memes dans l'aerogare.
Nous n'avons pas fait deux metres dans le hall qu'une nana nous met le grapin dessus pour nous amener au comptoir d'un "assistant pour touristes qui va nous aider". Ah tiens ? Ecoutons-le et repondons a ses questions... a quel hotel allons-nous ? Club Med. Parfait, nous trouverons notre navette dehors mais attendez ! Avant d'y aller le mec veut nous expliquer comment les excursions touristiques fonctionnent a Cancun. Au Club Med ils proposent ci, au Club Med ca marche comme ça mais surprise : le mec peut nous proposer aussi bien, et moins cher ! Pas d'embrouille, pas d'inquietude : on a juste a laisser l'empreinte de notre carte de credit et remplir ce tout petit formulaire papier carbone en trois exemplaires ou nous nous engageons a aller ecouter une session d'une heure et demi sur un programme de "timeshare" dans un complexe construit et géré par des mexicains comme ca vous comprenez mon bon monsieur l'argent est injecté dans l'economie mexicaine et ne part pas en Espagne comme avec le Club Med. Ah bon, Club Med est une societe espagnole ? Mmm... je n'aime pas trop ces histoires de timeshare. Me rassure le lascar : "oh, mais ca n'est pas du timeshare, il y a marqué timeshare mais ca n'est pas du timeshare puisque je vous dis que ca n'est pas du timeshare, et en echange de votre presence a cette tres courte session informative d'une heure trente je vous propose les excursions a -75% par rapport au tarif Club Med. -75% mon bon monsieur !!".
S'il y a bien un truc qui n'est pas marqué sur mon front c'est "pigeon". Au bout de quinze minutes de boniments mon cerveau est dangereusement proche de sa temperature d'ebullition et la moutarde me chatouille les narines. Mais je suis en vacances... Je me contente d'un "we're not interested, thank you" sec et irrevocable, et j'entraine avec moi C2 en bringuebalant nos valises loin de ce charlatan. En tout cas c'etait un pro ! D'ailleurs, il etait derriere un comptoir tout a fait officiel, et il avait en laniere autour du cou un badge qui semblait tout a fait officiel. Fort bien.
A l'exterieur la cohue est aussi intense. La densite de population atteint les mille touristes au metre carré. Nous mettons la main sur un gars en train de brandir un ecriteau "Club Med" et il nous fait retraverser tout l'aerogare a pied. Je cavale derriere lui avec notre grosse valise. Il nous fait monter dans le taxi privé qui nous emmene finalement au Club Med, et la quietude revient. Nous sommes a bord d'une superbe Ford Expedition, bienvenue au Mexique Etats-Unis Mexique donc !
L'accueil au Club Med est charmant. On s'occupe de nos bagages, on nous sert un petit thé, et nous pouvons deja apprecier la qualite du service :
- le "GO" (ha ha ha, GO, j'en rirai toujours !) qui nous fait faire le tour des lieux et nous emmene a notre chambre n'arrive pas a en lire le numero (?!?!) sur le petit etui cartonné qui contient nos badges d'acces
- lesdits badges d'acces ne fonctionnent pas
- on ne nous a pas remis a l'arrivee nos bracelets Club Med. "Ah mais ou sont vos bracelets ?" s'interroge le GO. Quoi, quels bracelets ?
- on ne nous a pas dit qu'il fallait ouvrir un compte et l'associer a nos badges pour utiliser les services payants du Club Med
- la clim' de la chambre ne fonctionne pas, elle ne fait que souffler vainement un air a peine refroidi et saturé d'humidité
- notre chambre est située de telle facon que l'integralite des clients de trois batiments entiers du complexe passent devant notre porte pour aller a leurs propres chambres. Cela s'annonce bruyant. Lorsque je demande a changer de chambre, on me repond que "l'hotel est complet". Ah bon ? C'est bizarre toutes ces chambres vides dont les rideaux ne bougeront pas pendant l'integralité de notre sejour...
Bref, je suis francais, il faut que je rale. Alors je rale. Pas beaucoup, juste un peu, d'ailleurs je me suis limité a six points dans ma liste ci-dessus. J'en oublierais presque que je suis en vacances !
Le francais rale-t-il moins une fois le ventre plein ? Non, certainement pas !
Je me detends dans ma chambre bruyante en ecoutant les fetards gueuler en pleine nuit en rentrant du bar, dans une atmosphere chaude et humide pour cause de clim' foireuse, en jouant a Hay Day. Club Med est sympa : nous depensons deja des sommes folles pour cette chambre piteuse, mais en plus Internet est payant, a peine 42 euros pour la semaine (pour une connexion simultanée !!). Ils nous prennent vraiment pour des cons. J'ai mieux... a l'affut de la bonne occaz' je me suis connecté hier soir sur le site de notre compagnie de telephone, où je me suis retrouvé face a une offre allechante pour rajouter a nos abonnements "appels et textos illimités depuis le Mexique avec 1 Go de donnees par personne", pour la modique somme de... $0. Je signe tout de suite, clic, clic ! Nous avons donc passé la semaine a pomper sur notre forfait donnees en boudant le wifi foireux de Club Med'. Pfff, les accros du numerique, a croire que l'iPhone est greffé dans la main. Mais non, mais non...
Allez, j'essaie de dormir... des que ca beuglera moins dehors.
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